Arts en Acte

Danser comme une façon d’habiter.
Quand on a dû partir 
ou quand 
quelque chose 
dans le corps 
nous a abandonné.
Quand on ne sait plus très bien 
à quoi
à où on appartient.
Se reconstruire c’est aussi rebâtir 
une relation à l’espace.
Rester, occuper, dessiner de ses gestes, 
pour des corps souvent invisibilisés, 
c’est une forme de revanche.
C’est clamer « je ne fais pas que traverser », 
c’est dire son droit à être là.
Au milieu des passants,
devant l’eau qui se plisse sous le vent, 
on s’approprie l’espace de la rue, 
l’espace des montagnes,
avec les architectures éphémères 
de la danse.

Les six personnes dont nous avons filmé les danses, si elles apparaissent individuellement à l’écran, forment une communauté. Venues de pays différents, ne parlant pas la même langue, elles se sont rencontrées à travers la danse. Patiemment, se retrouvant tous les samedi matin pendant quatre mois, elles ont partagé l’exploration, l’improvisation, ont soutenu le travail sur la signature gestuelle de chacun·e. C’est porté·es par la dynamique de groupe que tou·tes ont pu se présenter seul·es devant la caméra, dire avec leur corps un peu de leur histoire. Cette aventure humaine, cette expérience de groupe, aboutit à une mosaïque de gestes qui propose autant de manières d’être, dans la rue comme dans les hauteurs.

Danser l’espace

Ce projet se construit à la fois sur une quête intime propre à chacun·e, celle d’une danse qui soit au plus près de ses impulsions intérieures, mais aussi sur un rapport collectif à l’espace. Dans les ateliers de création, nous avons interrogé des cartes de Toulouse, nous nous sommes situé·es les un·es par rapport aux autres, nous avons dansé nos trajets quotidiens.
Nous avons aussi « pris » la ville, dansé à l’extérieur dans le quartier Bonnefoy où nous sommes implanté·es. Nous nous sommes senti·es plus fort·es soutenu·es par le groupe. À la montagne nous avons fait bloc, nous avons ensemble mobilisé l’énergie collective pour que chacun puisse déployer sa danse dans la fraîcheur de l’automne.

Contempler l’espace

Si la vidéo explore la place de l’humain dans son environnement, elle est aussi sensible au fait que l’espace préexiste au corps. Nous avons pris le temps de regarder, de sentir, d’écouter comment vit une rue, un lac, une colline, avant que nous y apparaissions. Nous sommes restés en silence, avons préservé notre immobilité, avant de nous élancer dans le cadre. Le danseur ou la danseuse y arrive comme par surprise et vient y révéler d’autres formes, d’autres manières de le regarder, d’écouter.

Le corps, l’espace subjectif

Les corps qui habitent l’espace ici sont des corps qui sont souvent effacés de l’espace public, qui appartient finalement à des corps hégémoniques. Le regard de la réalisation n’objectifie pas, mais révèle la subjectivité et le rapport entre le corps et l’espace, entre l’être et les conditions extérieures. Il vise à ouvrir au spectateur une nouvelle manière de voir, à créer un autre imaginaire et donc une autre réalité où tous les corps peuvent exister, en vivant et vibrant dans le monde extérieur, en le transformant.

Des gestes, une ville, des paysages (là où bruissent nos danses)

Installation vidéo-danse 2023-2024

Danses, textes, voix : Denis, Hana, Muriel, Precious, Tamuna, Valérie
Réalisation vidéo : Katerina Antonopoulou-Wiedenmayer
Ateliers danse : Leslie Cassagne
Ateliers d’écriture et coordination : Noémie Le Lay-Mérillon
Administration et production : Fabienne Roger
Associations sociales partenaires : Toulouse Ouverture 7, Retser, Horizons Psy, Forum Réfugiés, Médecins du Monde
Lieu Partenaire : Centre Culturel Bonnefoy

Un projet soutenu par la DRAJES dans le cadre du Fond de développement à la vie associative et par la Ville de Toulouse – Mission Égalité Diversités